La Situation
Regardant la plaine de l’Orbe, adossé aux premières pentes du Jura, avec une magnifique vue panoramique sur les Alpes dans le lointain, le village de Montcherand faisait partie autrefois de la terre de Clées. Il dépendait du Prieuré de Baulmes, avant sa réunion au Monastère de Payerne au XIème siècle. Montcherand relevait donc directement de la grande Abbaye bourguignonne de Cluny. Montcherand qui ne comptait au XVe siècle que six feux, soit une cinquantaine d’âmes, est aujourd’hui peuplé de plus de cinq cents habitants.
Le Prieuré St-Etienne
L’histoire de Montcherand est étroitement liée à son église située juste à côté du Château. Edifié au XIème siècle sur les ruines d’une ancienne chapelle, le Prieuré St-Etienne qui appartient aux sites clunisiens était une étape pour les pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle. Presque ignorée jusqu’au XXème siècle, elle a acquis dans l’histoire de l’art de notre pays une place primordiale lorsque, en 1902, furent découvertes dans son abside des fresques parmi les peintures murales les plus anciennes de l’art religieux de Suisse romande représentant des personnages. Peintes sans doute au début du XIIe siècle, elles furent badigeonnées au moment de la Réforme. Lors de la restauration de 1902, on représenta les parties disparues par une esquisse au trait. En 1970, une nouvelle restauration, considérée comme exécutée dans un esprit sévèrement dogmatique, supprima les parties reconstituées. Sous l’impulsion de Me Pierre Ramelet, la commune de Montcherand décida d’entreprendre une restauration complète. Celle-ci, réalisée au début des années 90, redonna au cœur une harmonie bienvenue, dans l’esprit de la spiritualité romane.
Le Château
Le château de Montcherand fut construit en 1790 par Henri Guignard d’Orbe (1765-1819), capitaine du génie au service de la France, il fut commandant militaire à Orbe en 1802 après avoir joué un rôle important lors de la Révolution vaudoise. C’est lui qui dressa, en 1801, le premier tracé de la route du Simplon, à la demande de la France qui avait besoin d’une artère carrossable la reliant à l’Italie. Ce château fut construit sur l’emplacement d’un autre château féodal datant du XVIe siècle, afin de surveiller un passage important sur la route des Clées dont le seigneur était aussi celui du village de Montcherand.
Plus récemment le château fut le théâtre d’un événement épique lié à la 2ème guerre mondiale. Le Général Guisan avait dès 1939 organisé des contacts secrets avec des officiers français par l’intermédiaire de son chef d’état-major, Bernard Barbey. En avril 40, la crainte l’infiltration d’espions allemands vers la Suisse, incite le Général à mettre à l’abri les documents relatifs à ces contacts. Il charge Barbey de les cacher au château de Moncherand. Chose facile pour ce dernier puisqu’il y était né ! Lors de récents travaux, la dite cachette a été ouverte, elle était vide. On peut donc supposer que Barbey était repassé par là …
Après avoir abrité une école et accueillit des colonies de vacances, le château de Montcherand a été acquis par Susanne et Christophe Rapin en 2004 avec le désir d’y promouvoir des rencontres culturelles et des événements. Les activités culturelles ont été confiées depuis 2013 à une association constituée à cet effet : l’Art de Vie.